Les pierres précieuses semblent avoir perdu leur côté sacré.

La nature offre peu de pierres dont le qualité approche vraiment la perfection. Les divers traitements permettent d'augmenter la qualité de pierres naturellement médiocres. Ainsi, la plupart des rubis et des saphirs proposés sur le marché sont chauffés. Le traitement thermique des pierres est pratiqué depuis si longtemps qu'il est considéré comme normal, quasiment traditionnel. Il en va de même pour les pierres "assemblées", composées de deux ou plusieurs parties assemblées non par la nature mais par collage. En revanche, les traitements plus modernes (comme l'irradiation ou l'utilisation de résines... ) sont encadrés par une législation plutôt peu tolérante. D'autre part, la découverte en 1793 de la composition du diamant (du carbone pur), par Antoine Lavoisier, a marqué le début de l'épopée de la synthèse. Cependant, il a fallu attendre le milieu du XXe siècle pour qu'enfin des chimistes réussissent à le fabriquer : Il suffit de soumettre du carbone à une forte pression et à une haute température pendant plusieurs heures pour réaliser un diamant de synthèse de petite taille toutefois. La première synthèse artificielle du diamant eut lieu en 1953 à Stockholm ... Dès lors, le diamant est devenu un matériau industriel.

La voie était ouverte à la fabrication de nombreuses pierres synthétiques. Ce sont des pierres fabriquées par l'homme qui ont la même composition chimique, structure atomique et propriété physique que leur équivalent naturel, comme par exemple le rutile synthétique, le saphir synthétique et la spinelle synthétique. Puis la technique à permis la création de pierres synthétiques artificielles : ce sont des pierres fabriquées par l'homme mais qui n'ont pas d'équivalents naturel, par exemple le Titanate de Strontium, l'Aluminate d'Yttrium (YAG), etc... Il existe aussi depuis 1987 un diamant de culture indiscernable du diamant naturel. Ce n'est donc ni une synthèse ni une gemme naturelle ; sa dénomination exacte est "Diamant CPl de Culture ". Il suffit de reproduire en laboratoire les conditions permettant au carbone de cristalliser et de laisser "pousser" le diamant sur une "souche". Il peut être produit en toutes qualités et couleurs naturelles.

On le voit, les pierres précieuses ou fines ont perdu leur aura sacrée au profit de la consommation, du progrès technologique et de la démocratisation d'une certaine idée du luxe. Si les pierres naturelles exceptionnelles sont rares, les prix en sont néanmoins artificiellement gonflés par la spéculation, les monopoles des entreprises minières... Les hommes ont vénéré les pierres précieuses, ont affronté les dangers de voyages lointains pour les trouver, se sont battus pour les posséder, et ont accompli des prouesses scientifiques et technologiques pour les reproduire et même dépasser la nature dans certains cas. Bien que les raisons aient évolué au fil du temps, les hommes continuent à les convoiter, les aimer et à s'en parer...Le rapport aux pierres reste passionnel...

FIN